6.5.10

HL

(Homme Libre)

"Est-ce alors que j'ai, pour la première fois, compris ce qu'en d'autres régions du monde, d'aussi démoralisante circonstances m'ont définitivement enseigné? Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraicheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus. Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du sud, où l'Asie tout entière prend le visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n'a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son œuvre la plus fameuse, pile où s'élaborent des architectures d'une complexité inconnue, l'ordre et l'harmonie de l'Occident exigent l'élimination d'une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est aujourd'hui infectée. Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité."

En lisant ce passage dans Tristes Tropiques, j'ai repensé à deux ou trois choses concernant les derniers hommes libres.

Ces photos de Michael Hanlon d'une tribu dans la forêt amazonienne, qui selon l'antropologue José Carlos dos Reis Meirelles, est une des dernières tribus qui n'a jamais eu de contacts avec le monde extérieur.

Le reportage First Contact ( visible ici) qui présente les premiers contacts entre une tribu Papou de Nouvelle-Guinée et des explorateurs européens. Dans les années 1930, trois australiens, Michael, Daniel et James Leahy sont les premiers blancs à s'aventurer dans la Nouvelle Guinée intérieure. Ils cherchent de l'or mais trouve finalement une tribu d'un million de personnes qui n'ont jamais eu de contacts avec le monde extérieur.

Le courrier Internationale (disponible ici) consacré aux derniers hommes libres fournissant de plus amples informations sur ces tribus, localisées en majeure partie au Pérou et au Brésil. Ce dernier fait figure d'exemples en Amérique latine, car des lois existent pour la sauvegarde des sauvages rescapés de toutes les tentatives de colonisation. Mais même si ce combat est soutenu par une fondation de protection d'État, il est difficile de contrôler toutes les missions évangéliques, les bucherons et les lobbys d'agrocarburant qui tentent de détruire ces micro sociétés, cédant à la nécessité du Brésil de se développer en utilisant majoritairement ces ressources naturelles amazoniennes.

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